GUIFFANT JLC web 0608

Il y a une chose certaine avec François Guiffant, c'est qu'il connaît les IMOCA et son bateau mieux que personne.

Le navigateur français François Guiffant, originaire du sud de la Bretagne, s'est distingué en tant que fervent acteur de la voile hauturière. Après deux décennies passées en tant que préparateur dans la Classe IMOCA, il a enfin réalisé son rêve il y a deux ans en acquérant son propre IMOCA.

Durant sa carrière, François a contribué à cinq campagnes Vendée Globe aux côtés de marins renommés tels que Bernard Stamm, Vincent Riou, Jérémie Beyou et Alexia Barrier, apportant son expertise et sa passion à chaque projet.

Aujourd'hui, François Guiffant s'affirme en tant que skipper de "Partage", un des plus anciens IMOCA de la flotte encore en course.  Mis à l'eau en 2004 sous le nom de Sill pour Roland Jourdain, ce voilier conçu par Marc Lombard à dérives a connu plusieurs réincarnations et a vu passer entre ses mains des navigateurs émérites tels que Sam Davies, Boris Herrmann et Yoann Richomme.

À l'approche de sa prochaine aventure, Fanch se prépare avec minutie à The Transat CIC, course de légende entre Lorient et New York. Pour lui et son fidèle "Partage", ce défi promet d'être une nouvelle page dans leur histoire commune, où la passion et le savoir-faire se conjuguent pour naviguer vers de nouveaux horizons.

 

"Il est vraiment en bon état,"déclare-t-il à la Classe, assis dans le cockpit de son bateau amarré au ponton de Lorient La Base. "Il a toujours été bien entretenu et, parce que j'ai beaucoup travaillé sur des bateaux, je ne peux pas en laisser un dans un mauvais état. Il doit être en bon état. Grâce à ça j'ai terminé toutes mes courses !"

En effet, François Guiffant, âgé de 50 ans et originaire du Guilvinec dans le Pays Bigouden, a fait ses débuts dans la Classe lors de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2022, terminant 29ème. L'année suivante, il participe à la Transat Jacques Vabre aux côtés du vainqueur de la Mini Transat 2013, Aymeric Belloir, terminant 31èmes, avant de terminer cette saison en solitaire avec le Retour à La Base.

Aujourd’hui, ce technicien et navigateur professionnel aguerri sur tous les supports, des Minis aux grands voiliers classiques, et qui compte Éric Tabarly et Francis Joyon parmi ses héros - est prêt pour l'Atlantique nord en solitaire.

"Pour moi, c'est la transat la plus difficile et la plus exigeante." déclare-t-il. "C'est la période de l'année, le parcours et les dépressions. Mais c'est aussi la plus belle des transats, la première créée. C'est dommage qu'elle ne parte plus d’Angleterre maintenant - j'ai pris le départ plusieurs fois depuis Plymouth. Cette course est également très tôt dans la saison - le bateau est de retour à l'eau depuis trois semaines et demie, donc on n’a pas eu beaucoup de temps pour faire une bonne préparation."

François Guiffant est prêt, mais ce n'est pas son seul sujet en tête cette saison car, comme presque tous ses rivaux IMOCA, son regard est fixé sur le Vendée Globe. S'il pourra participer pour la première fois au célèbre tour du monde en solitaire, sa participation n'est pas encore garantie en raison de l'âge de son IMOCA.

La Classe a fait une exception pour François Guiffant et son bateau, à condition que sa participation n'entraîne pas l'exclusion d'un skipper et d'un bateau qualifiés plus récents que Partage. La décision finale sur sa participation ne sera pas prise avant juin, lorsque la flotte aura terminé la New York Vendée-Les Sables d'Olonne.

François Guiffant n'est pas mécontent de sa situation. "Oui, je suis plutôt heureux d'être ici en fait, et assez content d'avoir fait la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre et maintenantThe Transat CIC. Pour moi, c'est déjà un rêve d'être ici avec un bateau. Ce sera une grande déception si je ne fais pas le Vendée Globe, mais il y a des règles et j'accepte les règles. J'ai une exception, la décision n'est pas encore prise et beaucoup de choses peuvent se passer, nous ne savons pas encore..."

Le skipper, dont le projet a fait un excellent travail avec les enfants, leur donnant l'opportunité de passer du temps précieux sur l'eau, est ravi que ses partenaires le soutiennent et sont prêts à réagir s'il obtient le feu vert pour rejoindre la flotte aux Sables d'Olonne en novembre. Si cela se produit, il pourrait y avoir des dépenses supplémentaires en plus de son budget de 600 000 euros qui inclura quelques voiles neuves.

Connu de tous sous le nom de "Fanch" - diminutif de François -il affirme que son appétit pour l'océan et la voile est toujours aussi fort. "Tout change avec le temps," dit-il, "Mais j'ai toujours la passion de la compétition et d'être en mer et je n'aurai plus une telle opportunité, donc je la saisis et je la garde entre mes mains. Je me sens bien en mer et je l'adore."

Et sa vie à bord ? "Ça peut être difficile, comme tout dans la vie, parfois vous êtes bas, parfois haut," explique-t-il. "Je ne suis pas vraiment déprimé mais parfois trop heureux," ajoute-t-il en riant. "Ce que vous devez faire, c'est vous concentrer sur votre course. J'aime contempler la mer - c'est ce que j'aime dans la voile - mais quand vous êtes en compétition, vous restez dans cet état d'esprit tout le temps."

Il explique aussi qu'il aimerait aller plus vite - peut-être sur l'un des meilleurs bateaux à foils de la Classe - mais il sait que sa navigation sur Partage peut être beaucoup plus confortable par moments que les bateaux plus récents. Le skipper n’est n'est pas obsédé par les foils. En fait, lorsqu'on lui demande quelle est sa meilleure expérience en voile, il parle non pas de l'IMOCA, mais de la navigation sur un classique de 35 mètres, Moonbeam IV.

"Il y a deux ans, nous avons navigué en Écosse et en Angleterre et oui, c'était incroyable. J'aime tous les types de bateaux - c'est pourquoi la voile est si riche, vous avez beaucoup de choix," dit-il.

Ed Gorman