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Élaborer une règle visant à réduire l'impact environnemental, en limitant les émissions lors de la construction des bateaux, a été le principal objectif des efforts de l'IMOCA au cours des quatre dernières années. Cette règle est désormais intégrée aux règles de jauge de la Classe IMOCA.

Lors de l'Assemblée Générale de la Classe, qui s'est tenue ce jour à Lorient, les skippers et les équipes ont formellement approuvé un nouveau régime qui exigera que tous les nouveaux IMOCA construits entre 2025 et 2028 réduisent leurs impacts PRG de 15%.

C’est un choix qu’aucune autre classe dans la course au large n'a accompli. Elle représente une avancée historique pour notre activité, et l'industrie qui la soutient. 

Antoine Mermod, Président de la Classe IMOCA, explique que cette règle de réduction d'impact est maintenant devenue une réalité, après plusieurs années de recherche et de consultations avec les skippers, les équipes, les architectes, les chantiers, les fournisseurs et les partenaires.

"Maintenant en place, cette nouvelle règle va pousser les équipes à choisir des moyens qui minimisent l'impact de la construction de nouveaux bateaux", déclare Antoine Mermod.

"Cela changera notre façon de fonctionner, mais changera également l'industrie maritime qui nous soutient dans ces démarches. Même si ce n'est pas très spectaculaire de le dire, c'est ce que nous faisons,"ajoute-t-il, "c'est un moment très, très important et un énorme pas en avant pour l'avenir de notre industrie."

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Damien Seguin, skipper de Groupe APICIL, affirme que c’est une étape positive, non seulement pour la Classe, mais aussi pour la course au large dans son ensemble, envoyant un signal clair à tous. "Je trouve ça super et courageux de l’avoir fait et de l’avoir voté." , explique-t-il. 

"Cela marque un tournant dans l'histoire de la Classe, car cela influencera probablement les choix architecturaux tout au long de la chaîne de décisions, des skippers aux architectes, en passant par les designers et les chantiers,"ajoute le skipper. 

Cette proposition est le fruit des résultats de 12 Analyses de Cycles de Vie (ACV) réalisées sur les constructions de bateaux entre 2021 et 2024. Ce travail a permis de comprendre l'étendue totale de l’impact. L’étape suivante a été d'identifier les principaux domaines où les émissions pourraient être réduites, puis de développer un logiciel, surnommé l'outil d'éco-conception IMOCA. 

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“Avec les résultats des ACV, nous avons identifié trois points sensibles : les moules, les plateformes (coque, pont et structure interne) et les foils", explique Imogen Dinham-Price, responsable développement durable de l’IMOCA.

"Nous avons constaté que les moules représentaient 44% des émissions totales, les foils 13% et la plateforme 32%. L'outil d'éco-conception permet aux concepteurs et aux équipes de jouer avec différents scénarios, afin qu'ils puissent réduire leur impact en déterminant la qualité des différents matériaux qu'ils utilisent dans chacun de ces trois domaines."

Dès aujourd’hui, toutes les nouvelles constructions seront encouragées à réduire l'utilisation de la fibre de carbone dans les moules, à minimiser le gaspillage dans la construction des foils, et à privilégier le carbone de module standard, moins impactant, dans les coques.

Noémie Provost, responsable technique et ACV de l’IMOCA, pense que cela ne se fera pas au dépend de la performance. "Nous pensons que les architectes trouveront de nouvelles formes de bateaux et de foils pour continuer à être compétitifs. Ils sont tous très compétents et disposent de nombreux logiciels pour analyser tout cela. Ils seront en mesure d’améliorer les performances comme auparavant,"déclare-t-elle. 

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Noémie Provost et Imogen Dinham-Price, qui, avec Samuel Valverde, ont dirigé ce travail, affirment que la plupart des équipes reconnaissent qu'il s'agit d'une réponse à un problème que la Classe doit aborder. "Des équipes nous disent 'oui, nous devons aller dans cette direction si nous voulons que notre sport mène la transition" résume Noémie Provost.

Pour la Classe, cette nouvelle façon de faire devrait aussi réduire les coûts car l’utilisation de matériaux très coûteux sera limitée. Si un bateau ne respecte pas les restrictions définies dans la règle, des pénalités seront appliquées. Cela pourrait être une limitation du nombre de foils qu'un bateau peut utiliser ou une réduction de son nombre de voiles neuves autorisées.  

L'ambition de l’IMOCA est d’aller plus loin après 2028. "L'objectif est de continuer à réduire les émissions", poursuit Noémie. "Peut-être de 15% de plus entre 2028 et 2032. En continuant à réaliser les ACV, nous serons en mesure de savoir si cette règle fonctionne ou non car nous pourrons évaluer et comprendre l’impact des prochaines constructions. À terme, nous aurons de nouvelles données pour tendre vers de nouveaux objectifs.”

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Imogen Dinham-Price indique que l'IMOCA est pionnière d’une industrie qui "change et va dans la bonne direction". Pour elle, la Classe prend de grandes initiatives dans un domaine de l'économie qui n'est pas contrôlé par des objectifs fixés par le gouvernement. "Nous nous fixons nos propres objectifs.”

"Il n’y a pas que la Classe qui en bénéficiera car si nous avons la possibilité de changer et d'adapter un petit processus - par exemple, ajouter du lin à nos moules ou produire moins de déchets lors de la fabrication des foils - ces améliorations pourront se répercuter dans toute l'industrie."

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Damien Seguin déclare que la Classe a les ressources pour garantir le succès de cette règle. "Au sein de la Classe,  il y a des personnes qui vont permettre de bien comprendre cette règle car comprendre tous les différents pourcentages de réduction demande un réel approfondissement.” déclare-t-il. 

"La Classe soutient les équipes et le processus de réflexion pour calibrer tout cela. Je suis convaincu que nous avons un outil fort et novateur en notre possession. Maintenant, il y a plus qu’à le mettre en œuvre. J’ai peu de doute qu'à l'avenir, les autres classes vont regarder avec beaucoup de vigilance ce qu’on va faire et s’aligner sur ce modèle", conclut-il.

Ed Gorman (traduit de l’anglais)