J’aime ma vie à terre, ma vie de famille, avec ses hauts et ses bas, mes habitudes, les soirées qui s’éternisent, parfois de manière arrosée, les moments magiques avec mes enfants, à essayer de leur apprendre à vivre.J’aime aller courir, toujours plus vite, et sentir que je progresse, aller surfer, prendre des vagues toujours un peu plus grosses. J’aime retrouver le nord de la France, y voir mes frangines, mes parents, faire le carnaval, tenir un rigodon jusqu’au bout dans les premières lignes, retrouver mes vieux potes et leur faire un zot’che.J’aime les périodes de chantier d’hiver où toute l’équipe s’affaire autour du bateau, les réunions à rallonge où les idées fusent, trouver des solutions pour améliorer la machine… Tout cela est ma zone de confort, importante pour mon équilibre. Ce sont mes repères !
Ce sont mes repères !
Je crois que ces moments n’auraient pas les mêmes saveurs ni les mêmes intensités si je ne pouvais m’échapper, voire m’évader pour aller me mettre en difficulté, me dépasser dans un univers qui n’est pas le nôtre. Les océans ne sont pas faits pour nous. Ils sont hostiles, mais nous essayons malgré tout de les rendre accessibles et de les maîtriser, tout en essayant de comprendre quel sera le meilleur chemin et le meilleur réglage pour aller plus vite que les autres. C’est cette alchimie, qui se trouve au large et parfois pas si loin des côtes, que j’ai besoin d’aller retrouver.
De plus en plus souvent. C’est là, et c’est une chose très personnelle, que des ressources nouvelles et souvent mentales apparaissent, et me font me sentir vivant. C’est ça que je vais chercher. Je veux être à l’épreuve, sentir que mes limites sont repoussées.
Y a-t-il donc une limite ? Pourquoi se dépasser ? N’est-ce pas tantôt dangereux ? C’est peut-être là que le marin trouve cette envie d’aller toujours un peu plus loin. Ce besoin parfois viscéral de repousser et de faire progresser son mental, sa capacité physique pour accomplir ou supporter, et tout cela, accompagné dans cette course folle du large par un destrier qui n’a maintenant plus aucune limite.
L’homme a des capacités que l’on ne soupçonne pas, à se transcender, à aller au-delà de ce que l’on pense soi-même capable, induites par des situations souvent extrêmes et parfois de survie.
En course au large, l’expérience montre qu’à chaque épreuve nos limites sont toujours un peu plus repoussées. Par goût de la compétition, de la confrontation, mais aussi parce que parfois nous n’avons tout simplement pas le choix. Une avarie peut mettre en péril le bateau et donc notre zone de vie, notre habitat, notre abri, notre bouée.
Il est surprenant de voir comment l’homme s’adapte à de telles situations et peut devenir hyperlucide quand la survie est en jeu. La peur joue-t-elle un rôle ? Peut-être, mais celle-ci semble souvent en retard. Elle n’arrive que quand le calme est revenu et que l’on regarde derrière soi.
Des objectifs réalistes sur le chemin du dépassement peuvent être des clés pour tendre vers un dépassement de soi obligatoire pour trouver la performance.
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