Bateaux, labos, folios

Naviguer, écrire, chercher.
Explorer, raconter, comprendre.
Courir, mais sans oublier de voir.
Se hâter, mais sans vitesse.
Être seul, mais sachant bien dépendre de tous.
Savoir enrichir de modernité le plus ancien au cœur de nous, l’immémoriale curiosité, la passion du voyage, le besoin sage et fou de savoir.
Apprendre à maîtriser ces coques qui volent, ces algorithmes qui affolent, ces yeux qui voient tout, ces oreilles qui tout entendent, ces réseaux qui déraillent.
Mais continuer de rêver autant que vouloir. Vouloir autant que rêver.
Et demeurer d’autant plus humains qu’envahis par la technique.
Plonger au plus proche de la vie.
Être le vent, et la pluie et le soleil.
Dormir parfois, mais savoir peupler ses jours et ses nuits.
Et puis, surtout continuer !
Se faire gifler d’eaux salées, et de déconvenues.
Et puis recommencer, et remonter vague après vague, chapitre l’un après l’autre déchiré, hypothèse l’une après l’autre abandonnée.
Et pourtant avancer, quoi qu’il arrive.
Et même une fois arrivé.
Alors pourquoi réunir nos trois familles ?
Celle de la mer, celle des livres et celle des laboratoires ?
Pour une raison toute simple.
Hisser la voile, ouvrir la page, allumer le microscope, c’est au fond pareil : les aventures sont jumelles, les angoisses parallèles suivies de semblables fiertés enfantines.
Aller y voir : seule méthode que respecte l’horizon.
Comprendre : seule manière de soigner.
Enchanter : seule musique pour rassembler.
La musique de la fraternité.
Et n’oubliez pas : c’est de l’Océan que toute vie est venue, la plus longue des histoires. L’Odyssée elle-même en pâlit.