Courir pour une cause : quand les skippers du Vendée Globe donnent du sens à la performance !

Donner du sens à la performance est une motivation pour ces marins et pour leurs partenaires qui suivent avec enthousiasme ces engagements, voire les impulsent. Tour d’horizon de quelques actions marquantes.

Guérir et aider à mieux vivre la maladie

C’est sans doute l’engagement le plus connu du grand public. En 2017, Sam Davies a repris le flambeau de Tanguy de Lamotte pour porter le projet Initiatives-cœur qui soutient l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque. Cette association permet à des enfants souffrant de malformations cardiaques d'être opérés en France quand ils ne peuvent pas l’être dans leur pays d'origine. Pour un ‘like’ sur la page Facebook du bateau, les partenaires du projet - Initiatives, K-Line et Vinci Énergies - reversent un euro à l’association. Cette cause suscite une forte adhésion avec plus de 640 000 followers et 211 enfants ont ainsi été sauvés depuis le début de l’aventure.

© Michel Slomka / hanslucas.com

Maxime Sorel s’engage depuis longtemps à soutenir l’association Vaincre la Mucoviscidose dont il est le parrain. Un immense dragon dessiné dans les voiles de son IMOCA V and B-Mayenne symbolise la force, le courage et le souffle. « Les moments partagés avec les malades représentent pour moi une réelle motivation, » explique Maxime. « Je poursuivrai avec acharnement mon partenariat avec Vaincre la Mucoviscidose afin de porter plus haut encore le message des patients et de l’association. »

© Jean-Marie LIOT / V and B Mayenne

Dans le domaine de la santé, on peut également citer Charlie Dalin qui soutient l’Association Petits Princes, qui réalise les rêves d’enfants et d’adolescents malades. À ce titre, il a invité un enfant pour le baptême de son IMOCA APIVIA et lui a permis de vivre le grand frisson d’une navigation au large de Concarneau.

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Favoriser l’inclusion

Thomas Ruyant est depuis toujours un marin engagé. « J’avais déjà vécu une grande aventure avec Le Souffle du Nord et Le Projet Imagine sur mon dernier Vendée Globe, » rappelle-t-il. « Je suis très heureux de continuer, avec mon équipe, à apporter ma pierre à l’édifice sociétal. » Advens, expert en cyber sécurité et partenaire majeur du marin nordiste a décidé d’offrir le nom et la visibilité de son bateau à LinkedOut, dont l’objectif est d’offrir un réseau à ceux qui n’en ont plus. La plateforme permet en effet à des personnes exclues et en grande précarité, de trouver un emploi grâce à une simple action de partage de CV. Alexandre Fayeulle, président et fondateur d’Advens explique : « Je suis très heureux d’offrir ce bateau de très haute performance, l’un des monocoques les plus rapides au monde, à ceux qui n’ont plus rien et que la société a laissé de côté. C’est un choix que nous avons fait cet hiver, alors que cinq millions de Français étaient déjà en situation d’isolement… La crise ne fait que renforcer l’urgence de la situation et nous offre l’opportunité d’opérer un vrai changement pour construire une société plus fraternelle, plus solidaire, et dans laquelle l’entreprise doit jouer un rôle majeur. »

© thibault desplats 2017

Clarisse Crémer (Banque Populaire X) a choisi, elle, l’association Lazare qui répond à l’isolement et à l’exclusion des personnes sans abri en leur permettant de retrouver un toit. Sur un thème proche, l’Italien Giancarlo Pedote défend, avec son partenaire Prysmian (expert en câbles), Électriciens sans Frontières qui apporte de l’électricité à des populations isolées dans le monde, en zone de conflit ou de crises climatiques extrêmes.

Enfin, premier skipper handisport au départ du Vendée Globe, Damien Seguin, né sans main gauche, milite de longue date pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Il a notamment créé l’association Des Pieds et des Mains afin de développer l’accès des handicapés aux sports nautiques. Plus globalement, Damien joue un rôle d’ambassadeur pour que son expérience de sportif de haut niveau, handicapé, serve d’exemple. Son partenaire Groupe APICIL concrétise son engagement pour l’accompagnement et l’inclusion des personnes en situation de handicap, qui est l’un des axes prioritaires de son action.

© Jean-Louis Carli

Œuvrer pour la mixité

Isabelle Joschke est l’une des six femmes engagées dans le Vendée Globe 2020-2021 (un record !). En 2012, elle a créé l'association Horizon mixité, dont l’ambition est de promouvoir la mixité dans le sport, mais aussi dans tous les domaines de la société. « Il s’agit de casser les préjugés », précise la navigatrice. « Les navigatrices sont encore trop peu nombreuses, notamment dans les courses au large. Et si les équipages féminins se développent, trop peu sont mixtes. Pour certains marins ou structures, cela reste tout simplement impensable. Il faut donc continuer d’en parler et d’agir pour faire évoluer les mentalités. » Isabelle est soutenue par la MACSF (Mutuelle d'Assurances du Corps de Santé Français) qui fait justement de la mixité l’un des axes forts de sa mission.

© RONANGLADU.COM

Des projets pour l'environnement

Naturellement, nombreux sont les marins à mettre la protection des océans au cœur de leurs projets. Le partenariat entre la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de l'UNESCO, JCOMMOPS et la Classe IMOCA, reçoit le soutien du Vendée Globe. Tout d'abord dix skippers embarquent sur le tour du monde des bouées météo (Météo France) qui seront déployées à différents points GPS sur le parcours afin d’enrichir le réseau de surveillance mondial GOOS. Ensuite, trois marins déploieront  des flotteurs Argo, capables de sonder jusqu’à 2000 mètres de profondeur, avant de remonter et transmettre les données (salinité, CO2, température) de la colonne d’eau par satellite. Une manière donc pour les skipper d’aider les scientifiques qui officient en première ligne du dérèglement de l’Océan.

En parallèle, plusieurs marins approfondissent leur engagement, à l’image de Stéphane Le Diraison qui navigue avec un IMOCA baptisé Time For Oceans. La conviction de Stéphane est que les entreprises, les citoyens et les institutions doivent se réunir autour de stratégies communes afin de changer leurs modèles et de trouver des solutions aux enjeux actuels. Le skipper espagnol Didac Costa a baptisé, lui, son bateau One Planet, One Ocean, en hommage à la COI-UNESCO. Comme certains autres skippers, Didac participera à l'étude sur la température et la salinité de l’eau à la surface de l’Océan. Il embarquera un nouveau capteur qui effectuera différentes mesures. Par ailleurs et en partenariat avec l'association Plankton Planet, qui réunit des experts issus de Tara Océans, Didac utilisera son IMOCA comme plateforme pour prélever des échantillons de plancton sur tous les océans traversés, cette galaxie d'organismes qui vit à la surface de la mer.

Alexia Barrier sensibilise depuis 2009 les écoliers à la sauvegarde de l’Océan grâce à son association 4myplanet. La navigatrice œuvre avec énergie et enthousiasme au travers de missions environnementales et pédagogiques concrètes. Depuis septembre, son projet est soutenu par TSE, l’un des principaux acteurs indépendants français de l’énergie solaire.

Boris Herrmann, skipper de Seaexplorer - Yacht Club de Monaco, est également un militant convaincu de la cause environnementale. On se souvient notamment qu’il a embarqué Greta Thunberg sur son IMOCA pour une traversée de l’Atlantique vers New York. Depuis, il navigue sur un bateau autonome grâce à l’utilisation des énergies éoliennes, solaires et hydrauliques. Boris fait partie des marins qui embarquent un laboratoire de mesures permettant de mesurer le CO2, le PH et la salinité de l'eau. Le navigateur allemand est soutenu par Kuehne+Nagel, un prestataire mondial de services transports et logistiques, qui souhaite contribuer à la préservation des populations et de l'environnement grâce à des solutions commerciales innovantes et durables.

© Jen Edney | Team Malizia

Fabrice Amedeo va lui mesurer en plus la présence de microplastiques dans l’océan grâce à un capteur spécialisé. « Les manipulations liées aux mesures de microplastiques sont les plus chronophages et inconfortables du programme scientifique que nous avons lancé, mais l’enjeu de la pollution plastique des océans est d’une telle urgence que je n’ai pas hésité une seconde, même si je devais sacrifier un peu de performance. Je suis très heureux que mon bateau puisse être utile à la Science », souligne Fabrice qui a signé un partenariat avec l’Ifremer (l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer).

Sur la pollution plastique, L’Occitane en Provence, partenaire du skipper Armel Tripon, est également le partenaire de l’expédition Plastic Odyssey qui bénéficie aussi d’un coup de projecteur à l’occasion du Vendée Globe.

Kevin Escoffier s’engage lui aux côtés du WWF. Son PRB arbore sur son étrave le fameux panda symbolisant l’association. « Notre sport, proche de la nature, peut avoir un formidable écho et il doit aussi évoluer pour être davantage en phase avec les enjeux environnementaux actuels », déclare Kevin. « Nous les skippers, nous avons réellement un rôle à jouer et je crois que nous sommes pour la plupart engagés dans cette réflexion. »Kevin poursuit ainsi un engagement initié en 2018 par Vincent Riou, ancien skipper de PRB, en étroite collaboration avec Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

© JM Liot

Benjamin Dutreux porte les couleurs de l’association Water Family qui a pour mission d’éduquer à la protection de l’eau, de la santé et de la planète. « Nous sommes engagés auprès de la Water Family pour mettre le sport au service de l’environnement. Notre objectif est de sensibiliser les enfants sur l’importance de l’eau pour notre environnement et notre santé. Et donc leur apprendre à la protéger en retraçant son cycle naturel et en partageant des écogestes. »

Programmes éducatifs

Enfin, de nombreux skippers IMOCA proposent des kits pédagogiques sur la protection des océans à l’occasion du Vendée Globe, tels Sam Davies, Charlie Dalin, Louis Burton, Fabrice Amedeo – entre autres. Vous pouvez les découvrir ces programmes éducatifs en cliquant ci-dessous :

KIT PÉDAGOGIQUES