Isabelle Joschke parle à la Classe IMOCA, de méditation, de bonne cuisine et de vie sans livre ni musique
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La compétitivité et la détermination d’Isabelle Joschke dans ce Vendée Globe ne sont guère une surprise pour ceux qui ont suivi sa progression depuis ses premières courses en Figaro, en Class40, puis les épreuves du circuit IMOCA.
La navigatrice franco-allemande de 43 ans, basée à Lorient, réalise un travail remarquable pour permettre à son vieil IMOCA de 2007 de tenir la cadence du groupe de tête. Ce faisant, elle est passée du milieu de la flotte en l’Atlantique Sud à une place dans le Top 10 dans les mers du Sud.
Isabelle, actuellement en huitième position, à un peu moins de 600 miles du leader, Yannick Bestaven, continue sa progression vers l’est, un peu au nord de la Zone des Glaces, à environ 600 milles au sud d’Invercargill en Nouvelle-Zélande.
La Classe IMOCA a contacté Isabelle Joschke qui donne ses impressions au sujet de la grande aventure de sa vie qu'est ce premier tour du monde à bord de MACSF.
Ayant surmonté une série de difficultés dans l’Atlantique, avec notamment la perte d’une partie de son balcon arrière lors de la chute d’une poulie d’écoute de gennaker, elle se réjouit d’être « de retour dans le match, » selon sa propre expression.
© © Isabelle Joschke / MACSF
« Je suis vraiment contente d’être de retour dans les dix premiers, »dit-elle. « Après un départ de course et une descente de l’Atlantique compliqués, c’est génial d’être de retour dans le match et la compétition ».
« Cela dit, il n’est pas toujours facile de garder le rythme. Il y a des moments où je suis rapide et tout marche à merveille et des moments où je suis fatiguée. Il y a aussi des moments où j’ai besoin d’effectuer des réparations ou l’entretien du bateau. Je passe par tous les états. »
Joschke est une navigatrice au fort esprit de compétition. Dans l’Atlantique, elle a dû arrêter son bateau à plusieurs reprises pour réparer et cela l’a vraiment affecté de voir s'échapper certains concurrents. Cependant, son premier objectif reste de boucler le parcours et de franchir la ligne d’arrivée.
« J’essaie de m’éloigner un peu de la course dans ma tête. Cela me permet de me détendre et d’éviter de trop cravacher, »explique-t-elle. « J’essaie de garder en tête le premier objectif que j’avais au départ. C'est-à-dire de terminer la course sans casser le bateau, ou de naviguer sagement, si vous préférez. »
En répondant à nos questions sur la vie à bord de MACSF, Joschke révèle qu’elle pratique de la méditation pour essayer de se détendre. Ce n’était pas son intention au départ, mais la skippeuse de MACSF a perdu sa liseuse quelque part dans le bateau l’obligeant à mettre en pose sa passion pour la lecture. A cause de quelques soucis d’alimentation électrique à bord, elle ne peut pas non plus écouter de la musique. Encore une autre passion dont il lui faut se passer.
« Je n’ai pas beaucoup de temps pour m’évader et c’est ainsi que j’ai commencé à faire de la méditation, » ajoute-t-elle. « Je n’ai pas l’habitude de pratiquer en mer, car le bateau bouge tout le temps et cela rend l’exercice difficile, mais la technique me permet de m’éloigner un peu de la course ».
La nourriture figure également parmi ses plaisirs à bord. Joschke précise qu’elle est d’excellente qualité, même si c’est lyophilisé. « Cela fait un mois et demi que je suis à bord et je n’ai toujours pas à me plaindre de ce que j’ai à manger, »explique-t-elle. « Cela me fait plaisir de cuisiner quand j’ai cinq minutes entre les manœuvres. Cela m’arrive même de faire de petits desserts ou quelque chose pour changer mes habitudes et j’aime ça. »
© © Isabelle Joschke / MACSF
Joschke tenait à partager avec nous sa toute première expérience des mers du Sud avec une belle description du paysage : « La brutalité du vent et l’état de la mer m’ont vraiment surprise, » dit-elle. « Pendant quelques jours, les conditions étaient très difficiles, physiquement exténuantes, ce qui rendait la vie compliquée à bord ».
« J’ai vécu des mers du Sud conformes à ce que l’on m’en a raconté, »ajoute-t-elle. « Des couleurs magnifiques, un océan sauvage, une belle houle. Mais je ne m’attendais pas à une navigation aussi difficile. »
Sur ce point, elle explique qu’elle a complètement changé sa façon de naviguer afin de prendre en compte les conditions australes et de se concentrer sur la préservation de son matériel pendant toute la course.
« Je réfléchis à chaque manœuvre, » précise-t-elle. « Lorsqu’il faut dérouler une voile, je le fais lentement, ce qui n’est pas dans nos habitudes. Je le fais tout lentement. J’essaie d’effectuer des manœuvres pas à pas et de naviguer posément pour éviter de mettre trop de pression sur le bateau. »
Pendant ce temps, elle reste concentrée sur le passage du cap Horn. « J’essaie de voir les mers du Sud comme une étape et après, ce sera un nouveau départ » ajoute la navigatrice qui est sur le point de devenir la septième femme à boucler le Vendée Globe. Catherine Chabaud, Ellen MacArthur, Anne Liardet, Karen Leibovici, Sam Davies et Dee Caffari ayant été les seules femmes jusqu’ici à réaliser cet exploit.
Ed Gorman / IMOCA
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