Beyou, Meilhat, Lunven et Ruyant : la quête du Top 10 sur le Vendée Globe
Terminer dans le top 10 du Vendée Globe constitue un exploit majeur dans le monde de la course au large en solitaire. Lors de cette 10ᵉ édition, marquée par un plateau record de 40 participants, ces places étaient plus convoitées que jamais.
Terminer dans le top 10 du Vendée Globe constitue un exploit majeur dans le monde de la course au large en solitaire. Lors de cette 10ᵉ édition, marquée par un plateau record de 40 participants, ces places étaient plus convoitées que jamais.
Il suffit de demander à Jérémie Beyou, skipper de Charal, qui a mené le deuxième groupe d’arrivants après le trio de tête, en franchissant la ligne au large des Sables d’Olonne à la quatrième place, tôt vendredi matin.
« Il y a des quatrièmes places qui sonnent comme des défaites, mais celle-ci sonne plutôt comme une victoire », a confié le skipper de 48 ans, originaire de Morlaix. « Il m'a fallu un peu de temps pour accepter que ce ne serait qu'une quatrième place, mais au final, je suis fier. »
Beyou a franchi la ligne d'arrivée après 74 jours et 12 heures en mer, soit neuf jours et 17 heures après le vainqueur de la course, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance). Épuisé, il a dû affronter une fin de course éprouvante, marquée par certaines des pires conditions météorologiques de la compétition pour lui et ses poursuivants.
Le triple champion de la Solitaire du Figaro, pour qui c'était son cinquième Vendée Globe, avait rêvé de remporter enfin ce marathon après avoir dû repartir lors de la précédente édition et terminé 13ᵉ, mais cela n'a pas été le cas.
Après avoir franchi la ligne d'arrivée environ 11 heures après Jérémie Beyou, Paul Meilhat, à bord de Biotherm, a exprimé sa fierté pour sa cinquième place. « Ce que je cherchais dans ce Vendée Globe, c’était l’aboutissement d’un effort collectif sur trois ans. Au final, c’est moi qui suis ici devant vous, mais ce résultat, c’est grâce à tant de personnes – mon équipe, mes partenaires, ma famille et mes amis. Je suis allé chercher le fait de montrer qu’on pouvait réussir avec cette voie-là », a-t-il déclaré.
Nicolas Lunven, à bord de Holcim-PRB, a suivi en sixième position. Malgré de nombreux problèmes techniques, il s'est dit ravi de sa performance. « Finir, c’est déjà une victoire », a-t-il affirmé. « Je suis super content d’avoir franchi la ligne d’arrivée, même si ce n’était pas toujours facile… finir sixième, l’objectif est atteint. En tout cas, j’ai la satisfaction du travail bien fait, je rends une copie propre, je me suis battu tout du long. »
En septième position, Thomas Ruyant, à bord de VULNERABLE, a adopté une attitude philosophique à son retour à terre. Après une sixième place lors de la précédente édition, il nourrissait l'espoir de remporter la victoire cette fois-ci. Cependant, ses ambitions se sont évanouies dans l’océan Austral lorsqu'il n'a pas pu suivre le rythme de Charlie Dalin, Yoann Richomme et Sébastien Simon. De plus, il a subi la perte de son J2 dans l'Atlantique, lorsque celle-ci s’est disloquée lors d’une rafale de 55 nœuds au large de la côte de l’Uruguay.
À l'issue de la course, Thomas Ruyant a exprimé sa satisfaction malgré sa septième place. « Si quelqu’un m’avait demandé de signer pour la septième place avant de partir, je n’aurais pas signé, et ça aurait été bien con parce que ça a été une belle course, avec de la régate un peu à tous les étages », a-t-il déclaré. « Mais aujourd’hui, je ne regrette rien. J’ai donné le meilleur de moi-même tout au long de la course et je suis heureux d’être ici aujourd’hui, je n’ai aucune amertume. »
De son côté, Jérémie Beyou a vu ses espoirs de victoire s'évanouir lorsque Charlie Dalin, Yoann Richomme et Sébastien Simon ont creusé l’écart en traversant l’Atlantique Sud et en entrant dans l’océan Indien austral, une distance que le skipper de Charal n’a jamais réussi à combler.
« Avec Charlie, on sort ensemble du Pot-au-noir », se souvient Jérémie Beyou. « Après ça, je n’arrive pas à garder la vitesse. Je me suis retrouvé avec un problème au genou qui fait que je n’étais peut-être pas au maximum de mon potentiel. »Une fois distancé, Beyou a lutté en vain pour revenir. « L’écart nous a coûté cher », a-t-il expliqué. « Ça tue le moral, mais dans cette situation il n’y a rien à faire. »
Jérémie Beyou a connu une fin de course éprouvante, marquée par un stress intense lié aux nombreux problèmes techniques rencontrés à bord de son monocoque Charal. Dès le début de la compétition, il a été confronté à des problèmes techniques, se retrouvant avec une seule girouette fonctionnelle sur quatre. Ces avaries répétées ont pesé lourdement sur son moral, créant une pression constante difficile à gérer.
De son côté, Paul Meilhat, skipper de Biotherm, s'est réjoui d'avoir bouclé ce Vendée Globe, huit ans après avoir dû abandonner lors de sa première participation. Malgré la casse de l'étai de son J2 lors de la remontée de l'Atlantique, il a su rester compétitif face aux autres concurrents et a semblé savourer chaque instant de cette aventure autour du monde.
Paul Meilhat a souligné l'importance de ses concurrents dans sa motivation tout au long de la course. « Les autres étaient ma motivation », a-t-il expliqué. « J’ai dit avant le départ que j’étais là pour me bagarrer avec mes concurrents. Le résultat final n’était pas si important pour moi – et j’ai été servi ! C’est la première fois qu’on a un Vendée Globe avec 40 skippers et, en plus, le niveau de compétitivité était très élevé. Tout au long de la course, j’ai toujours eu un autre bateau près de moi et je croisais presque chaque jour un bateau sur l’AIS. »
Le skipper de Biotherm a également partagé les défis rencontrés lors des dernières étapes, notamment une tempête dans le golfe de Gascogne avant l’arrivée. « Je suis ravi d’être ici parce qu’honnêtement, hier soir, je n’en pouvais plus. J’ai encore été eu 40 nœuds de vent, le bateau s’est couché trois fois. Je savais que la résilience était ma force, mais je suis tellement soulagé d’être ici », a-t-il confié.
Nicolas Lunven a tenu à saluer la performance de Jérémie Beyou, avec qui il a livré une bataille acharnée tout au long de la course. Leur duel, véritable fil rouge de l’épreuve en marge de la lutte acharnée du trio de tête – Dalin, Richomme et Simon –, n’a rien eu à envier en intensité. « Pendant une grande partie du Vendée Globe, j’ai couru côte à côte avec Jérémie. C’était génial de se tirer la bourre. On s’est beaucoup affrontés en Figaro et maintenant nous faisons la même chose en IMOCA ! », a confié Lunven.
Interrogé sur la possibilité de participer à nouveau dans quatre ans, le skipper de Holcim-PRB ne ferme aucune porte. « C’est difficile de dire non », a-t-il admis. « On a toujours tendance à oublier les mauvais moments et à retenir les bons. Donc, forcément, l’idée revient vite à l’esprit. »
Ed Gorman (traduit de l’anglais)
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