La bataille entre Charlie et Thomas se poursuit à l'avant de la flotte
L'une des performances les plus remarquables de la course est celle de Louis Burton sur Bureau Vallée 2 qui, malgré des récents problèmes de pilote automatique, continue à se maintenir dans le top trois à bord du bateau qui a gagné la dernière édition du Vendée Globe avec Armel Le Cléac’h.
Devant son étrave, la fascinante bataille entre Thomas Ruyant sur LinkedOut, en deuxième position, et Charlie Dalin, leader sur APIVIA, se poursuit, nuit et jour.
Charlie Dalin mène la charge depuis 13 jours et, en ce moment, ils sont confrontés avec Thomas Ruyant à des rafales puissantes et à une mer chaotique, alors qu'ils croisent à environ 750 milles dans le nord-ouest des îles Kerguelen - l'un des endroits les plus ventés au monde.
Thomas Ruyant est toujours handicapé par la perte de son foil bâbord. Cependant, il est intéressant d’observer la régularité de l’écart entre les deux bateaux ces derniers jours ; et d’autant plus s’il on prend en compte le fait que le skipper de LinkedOut a navigué surtout en tribord amure (donc sur son foil endommagé).
Selon la direction de son équipe, cela s’explique surtout par le fait que Charlie Dalin a, lui-même, dû ralentir pour affronter des conditions de mer et de vent violentes, ce qui a permis à son adversaire de rester au contact. La question est de savoir combien de temps cela peut durer et si Ruyant pourra rester dans le match une fois que les bateaux auront entamé leur remontée vers le nord dans l'Atlantique.
Il y a quelques jours, Guillaume Verdier, qui a conçu les deux bateaux, faisait remarquer que si APIVIA est un bateau polyvalent, LinkedOut a été légèrement optimisé pour la vitesse au près et le reaching en vue du Vendée Globe.
Marcus Hutchinson, qui dirige le team LinkedOut, explique qu'en réalité, les différences sont si minimes qu'il est difficile de les prendre en compte dans la performance. "Les bateaux sont des sister-ships très, très proches," rappelle-t-il. "Les différences les plus significatives ne sont que de l'ordre d'un trait de crayon."
Selon Hutchinson, Thomas Ruyant navigue en fait actuellement sur deux bateaux - un IMOCA avec une double personnalité en quelques sorte. D'un côté, il vole, et de l'autre, il ne vole plus, tandis que Charlie Dalin - dont le foil est son ancienne V1 - navigue sur un bateau équilibré.
"Lorsqu'ils empanneront (changeront de bord), probablement demain matin, Thomas devra réapprendre à naviguer sur son bateau en tant que foiler," poursuit-il. « Et cela, sans prendre trop de risques. »
"Aucun des deux concurrents ne régate vraiment dans les conditions qu'ils ont actuellement," ajoute-t-il. "Les conditions sont très difficiles, extrêmement rudes, avec une mer très inconfortable qui vient de toutes les directions. Donc aucun bateau, quelle que soit sa configuration, ne peut vraiment aller vite."
Alors que le trio de tête slalome vers l'est en avant d’une dépression très puissante qui se forme derrière lui, le groupe suivant est extrêmement serré, Damien Seguin continuant à tenir une impressionnante quatrième place à bord de Groupe APICIL.
Il n'est qu'à quelques kilomètres de Yannick Bestaven sur Maître CoQ IV qui est juste sous son vent. Jean le Cam sur Yes We Cam ! est à 40 miles derrière, en sixième position et un peu plus au nord de Seguin et Bestaven.
Ce samedi, Sam Davies a abandonné officiellement la course en arrivant au Cap avec son Initiatives-Cœur endommagé. Sam a surement gagné encore plus de soutien (qu'elle n'en a déjà dans le monde de la voile) avec la façon dont elle a géré ce cruel revers et l'obligation de quitter cette course qu'elle aime au plus haut point et dans laquelle elle se montrait très compétitive.
La navigatrice britannique a donné plus de détails sur ce qui est arrivé au bateau lorsqu'il a heurté l'OFNI. Elle pense que le point d'impact était bas sur le voile de quille, qui a perdu un gros morceau. L'impact à 20 nœuds a provoqué un effet de levier sur le voile de quille, ce qui a entraîné des dommages importants sur la structure du bateau.
"Je suppose que c'est moi qui l'ai vécu comme cela et qui ai senti à quel point c’était violent et à quel point cela a dû faire mal à mon bateau",explique-t-elle depuis Le Cap. "Il n'y a pas moyen de continuer avec les dégâts que j'ai subis. C'est de la malchance et c'est vraiment frustrant mais cela fait partie du jeu du Vendée Globe."
Comme Isabelle Autissier bien avant elle*, Samantha Davies a décidé que si le bateau peut être réparé, il aimerait terminer le parcours hors course et partira du Cap pour Les Sables d'Olonne dans les prochains jours.
"Ce projet est aussi une aventure, une aventure humaine, et il s'agit de collecter des fonds pour une œuvre de charité en faveur des enfants malades,"a-t-elle conclu. "Si je peux continuer, alors cette partie de l'aventure continuera et c'est la meilleure chose que je puisse faire pour Mécénat Chirurgie Cardiaque et aussi pour me reconstruire."
Ed Gorman (traduit de l'Anglais)
*Edition 1996-97, Isabelle est classée hors course après un arrêt au Cap à bord de PRB
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