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Ce soir, tous les concurrents de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne auront enroulé le point virtuel COI-UNESCO, Clément Giraud (Vers un monde sans Sida) fermant la marche, plus d’une journée après le passage des leaders. L’instabilité de l’air, ces dernières 24 heures, a favorisé un regroupement en tête et brouillé la hiérarchie.

Sur la route de la marque « Gallimard », une dorsale puis une dépression sont à négocier. Ces prochaines 48 heures, personne ne pourra prétendre durablement au trône… Ce vendredi 10 juillet, après une nuit au charbon pour faire marcher les bateaux dans un vent de travers très instable, de nombreuses zones grises apparaissent dans le classement. Aussi grises que le ciel et la mer qui enveloppent une partie des marins solitaires en ce sixième jour de course. Le premier peloton a rattrapé l’échappée Ruyant/Dalin/Beyou et six bateaux progressent désormais en ligne en direction de la prochaine marque de passage : le waypoint Gallimard, situé à 750 milles des premiers, au grand large du golfe de Gascogne.

Prise de tête en tête

Sur cette nouvelle ligne de départ qui s’étend d’est en ouest sur une soixantaine de milles, chacun semble avoir placé ses pions pour aborder les nouvelles difficultés au menu de cette fin de semaine : la traversée d’une large dorsale puis d’une dépression.

Entre Charlie Dalin (Apivia), le plus à l’ouest, et l’extrême oriental Kevin Escoffier (PRB), Thomas Ruyant (LinkedOut), Jérémie Beyou (Charal), Samantha Davies (Initiatives- Cœur) et Boris Herrmann (Seaexplorer - YC de Monaco), nouveau champion du classement, ont choisi leur voie.

Il y a un peu de fatigue dans les rangs, physique, mais aussi nerveuse, car le moindre gain est sans cesse remis en question, au gré des phénomènes météo qui se dressent sur la route des solitaires et des innombrables pépins techniques. C’est ainsi que Thomas Ruyant (LinkedOut) a bataillé toute la nuit avec un fantôme : une ombre aperçue autour de sa quille (filet ? plastique ?), possible explication à son soudain déficit de vitesse. Deux marches arrière et une bonne sieste ont eu raison de ce frein mystérieux qui lui a fait perdre la tête, au sens propre comme au figuré. Requinqué, le marin du Nord semblait être reparti cet après midi à la reconquête de sa couronne. Au reaching, dans un vent médium et une mer lisse, son bateau bleu se payait quelques glissades à 18 noeuds. Il fallait profiter de cette griserie passagère car bientôt, ce premier rideau de concurrents va buter dans une immense dorsale qui étend ses trous d’air sur presque toute la largeur de l’Atlantique. Il y aura donc un nouveau ralentissement ce soir et de nouvelles surprises sur la cartographie.

De nouvelles données dans la matrice

Au delà de la régate pure qui fait la joie des spectateurs, les acteurs de la Vendée Arctique-Les Sables d’Olonne soulignent tout l’intérêt de cette mise à l’épreuve permanente. Alors si cette première partie de course n’est pas toujours été une partie de plaisir pour les marins, elle leur offre une occasion inespérée de muscler leur préparation pour le Vendée Globe. Chaque manœuvre, chaque bord, chaque réglage, chaque avarie, chaque heure de vie à bord en solitaire est une donnée de plus à entrer dans la matrice qui guidera leurs pas vers le tour du monde. Les premiers comme les derniers s’en réjouissent. D’Isabelle Joschke (MACSF), 7e, qui avoue se donner à fond pour être présente dans la bagarre, à Manu Cousin (Groupe SÉTIN), 15e, qui a fêté son 53e anniversaire ce midi par 62 degrés nord, le raisonnement est le même : l’expérience de cette course prime sur tout le reste. 

Ils ont dit

Isabelle Joschke (MACSF):

« La bagarre qui s’annonce et le retour sur les bateaux de tête, c’est hyper sympa. Etre dans le match, avoir des bateaux à proximité,  pouvoir se comparer à eux, ça me rappelle un peu la Solitaire du Figaro ! Au delà du fait que c’est motivant, ça me permet de découvrir et d’apprendre plein de choses en termes de vitesse, de réglages, de comportement du bateau.

Je me donne à fond mais l’objectif, est d’engranger de l’expérience. Les conditions de navigation sont à la fois sympa, parce que la mer est plate, et en même temps, le vent est super instable. Il y a des risées qui tombent et comme l’air est très dense (à cause des basses températures, ndr), le bateau part direct à la gîte. Il y a aussi de grosses molles et le bateau s’arrête net. Cela demande d’être sur les réglages, d’être présent sur le pont, cela demande beaucoup d’énergie. Sinon, je vais bien, mieux qu’hier, car après le waypoint COI-UNESCO, j’ai constaté que j’étais très fatiguée de mon début de course. J’avais besoin de dormir, de récupérer. C’est un peu une transition dans la course. En général, j’ai besoin de quatre jours pour bien me mettre dans le rythme. Donc j’ai pas mal dormi ce matin et je pense avoir bien récupéré, j’ai retrouvé la forme et ce sera essentiel pour attaquer la transition en fin de journée et qui sera très importante. Le bateau va bien. Il y a des petits dossiers, mais pour l’instant, c’est gérable, en espérant que tout tienne jusqu’au bout ! »
 
Miranda Merron (Campagne de France):

« Gris. Froid. Conditions de navigation vraiment très désagréables – depuis des heures, le vent est totalement instable, entre 12 et 20 nœuds avec une bascule de 30 degrés qui n’était pas prévue. J’ai encore du travail sur les pilotes, je dois toujours ajuster mon cap manuellement. Et maintenant le vent a complètement disparu, mais pas l’état de la mer ! Les conditions vont s’améliorer, j’espère. Et je ne désespère pas de pouvoir dormir. »
 
Manu Cousin (Groupe SETIN):

« Je me fais un beau cadeau en allant chercher le way-point CIO-UNESCO ! C’est incroyable d’être au 62e nord, je n’aurais jamais pensé aller aussi nord surtout le jour de mon anniversaire. Je suis content mais un peu fatigué, car les conditions sont très instables. Il y a eu beaucoup de manoeuvres. Cette nuit, par exemple, je n’ai pas beaucoup dormi. C’est un peu comme un pot au noir dans le froid ! Tout est gris autour de moi, avec des passages nuageux. Je m’attendais à avoir plus froid, c’est 6/8 degrés sous la casquette, on est quand même bien protégés dans nos bateaux, la mer n’est pas mauvaise, je suis au près.
Je suis un peu déçu de mon début de ma course car j’ai mis du temps à me mettre dedans. Mais il y a plein de choses positives : j’ai pu découvrir des problèmes au niveau du vérin de quille, cela nous permettra de résoudre tout ça cet été. Pour le reste, techniquement, le bateau va super bien. Ça vaut le coup de venir sur cette course. Je venais chercher de l’expérience et je me fais plaisir, même si j’ai mis une journée ou deux à bien me sentir. »

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