Thomas Ruyant, le roi des transats en IMOCA, reste concentré sur le Vendée Globe
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En France, on l'appelle désormais "Le King des transats" et pour cause, avec sa victoire dominante de la Transat Jacques Vabre-Normandie le Havre 2023 cette nuit, Thomas Ruyant a réussi ce que personne d'autre n'avait réussi avant lui : trois victoires consécutives sur une transat IMOCA, deux en double et une en solitaire.
Aux côtés de Morgan Lagravière, Thomas Ruyant a franchi la ligne d'arrivée à Fort-de-France, à deux heures du matin (heure locale), avec son nouveau foiler signé Antoine Koch/Finot-Conq. La signature d’un voyage phénoménal depuis Le Havre, réalisé en 11 jours, 21 heures et 32 minutes, à une vitesse moyenne inédite de 19 nœuds !
Le duo For People termine avec un peu plus de quatre heures d'avance sur Yoann Richomme et Yann Eliès, aux commandes de Paprec Arkéa (le sistership de For People), qui devance ensuite de seulement neuf minutes Sam Goodchild et Antoine Koch sur For The Planet (ex-IMOCA de Thomas Ruyant).
© © Jean-Louis Carli / Alea
Avec deux victoires consécutives sut la Transat Jacques Vabre à bord de bateaux différents, plus la victoire de la Route du Rhum 2022, il semble que seul le Vendée Globe a pour l'instant résisté au Nordiste. En effet, il avait dû se contenter d’une sixième place lors de l'édition 2020-21, après un tour du monde dont il avait été l’un des trois grands animateurs.
Au cœur de la nuit tropicale, Thomas Ruyant, heureux et ému, a admis que son ambition à moyen terme reste bien le Vendée Globe de l’hiver prochain. "Nous travaillons pour gagner", affirme-t-il. "Je sais que j'ai gagné les trois dernières transats, mais le Vendée Globe, ce n'est pas une transat et il y aura encore d'autres concurrents sur la ligne (absents sur cette Transat Jacques Vabre 2023). On ne peut pas écrire l'histoire du Vendée Globe à l'avance, mais c'est l’objectif du groupe que nous formons au sein de notre projet We Sail For People and Planet."
© © Jean-Louis Carli / Alea
L'autre préoccupation du skipper est son équipe Thomas Ruyant Racing, basée à Lorient, qui a dû batailler ferme pour préparer ce bateau, victime d'une avarie structurelle au départ de la Rolex Fastnet Race, plus tôt dans la saison, quelques semaines à peine après avoir remporté la Guyader Bermudes 1000 Race.
"Pour nous, la Transat Jacques Vabre n'a pas commencé au Havre", rappelle-t-il. "Lorsque nous avons cassé le bateau en juillet, toute l'équipe s'est mobilisée pour le préparer à fond pour cette course. Avant cela, nous commencions déjà à bien cerner son potentiel, il nous fallait alors le consolider".
Un aspect assez intriguant de la performance du tandem est la manière dont ils se sont appuyés, notamment dans la seconde moitié de la course, sur le temps passé à la barre du bateau qui semble magnifiquement équilibré. Au cours de leur mano à mano avec Paprec Arkéa, ils ont réussi à aller chercher un supplément de vitesse, en maintenant leur IMOCA en vol de longues heures, tout en évitant qu’il décroche et s’écrase sur ses foils.
Pendant que Morgan passait du temps à la barre, Thomas utilisait l'expérience acquise pour affiner le réglage de son pilote automatique, outil précieux sur lequel il s'appuiera désormais au cours des prochaines courses en solitaire, à commencer par le Retour à la Base, dont le départ sera donné de Fort-de-France le 30 novembre.
"Je me suis concentré sur le réglage du pilote", explique-t-il. "Il y a des modes de fonctionnement que l'on arrive à mettre en place en double et que je ne pourrai pas faire en solitaire. Nous avons donc beaucoup échangé avec Morgan sur cela pour identifier les leviers prioritaires à activer quand je serai seul à bord".
© © Jean-Marie Liot / Alea
Arrivé au lever du jour à la marina de Fort-de-France, seulement quatre heures après For People, Yoann Richomme était aussi un homme heureux. Même s'il a écarté toute possible victoire depuis quelques jours, le marin signe une superbe deuxième place à bord du nouveau Paprec Arkéa.
"Je pense que Thomas et Morgan étaient un cran au-dessus mais nous avons tellement appris pendant cette course que je ne pense pas que nous aurions pu la gagner", déclare le double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Route du Rhum (en Class40).
"Je pense que cela montre le long chemin que nous avons encore à parcourir pour être en mesure de gagner des courses", ajoute-t-il. "Nous sommes bien placés, nous avons un bon bateau et nous savons de mieux en mieux comment le manier. Il est rapide, mais il reste du travail pour réussir à battre des skippers comme Thomas ou Charlie (Dalin), ce qui est notre prochaine étape."
© © Jean-Marie Liot / Alea
Yoann pense que cette course et cette saison auront confirmé dans l'esprit de la plupart des gens que les deux sisterships de Koch/Finot-Conq sont "le meilleur design de cette génération" et il est impatient de naviguer en solitaire sur cette incroyable machine.
Nous l'avons interrogé sa manière de barrer le bateau et Yoann Richomme s'est surtout attaché à optimiser son pilote automatique pour le solitaire, plutôt que de barrer manuellement avec Yann Eliès.
"Il y a des phases où l'on est plus rapide à la barre, parce que le bateau vole et si l'on arrive à le maintenir en vol, cela peut faire la différence", explique-t-il. "Mais c'est un peu différent en fonction des objectifs, car nous devons apprendre rapidement à régler le bateau sous pilote, donc je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de barrer".
© © Jean-Marie Liot / Alea
Pour Sam Goodchild et Antoine Koch, le fait d’avoir frôlé la deuxième place du podium dans les derniers milles ce matin, n’a pas vraiment d’importance. Le marin Britannique compte maintenant quatre podiums consécutifs - avec quatre troisième place remportées cette saison, sur les quatre courses disputées à bord de For The Planet. Il sait à quel point il a une arme puissante entre les mains pour le Vendée Globe.
"C'est sûr que nous voulons toujours faire mieux", lance l’ancien champion en Ocean Fifty. "Nous voulons toujours aller plus vite, avoir toujours un meilleur bateau, mais étant donné que je commence mon expérience en IMOCA sur un bateau qui est déjà sur le podium, je peux m'estimer très heureux pour être honnête. Et je ne m'attendais pas à ce que cela se passe de cette façon, même avec ce bateau. "
Sam est particulièrement satisfait de la façon dont Antoine et lui se sont battus pour revenir dans la course après quelques problèmes techniques en début de course. "Même en passant par les Canaries, nous n'étions pas en très bonne position, mais nous avons réussi à nous accrocher et à revenir", confie-t-il. "Les conditions de mer (plates) nous ont beaucoup aidés, ce qui était évidemment un bon point pour notre bateau qui est moins efficace dans les vagues. "
© © Jean-Marie Liot / Alea
Le skipper a ensuite rendu hommage à son équipe. "Si je suis sur le podium à quatre reprises, c'est en grande partie grâce à eux", ajoute-t-il. "Si j'avais pris seul un nouveau bateau, ou un bateau d'occasion, en début d’année, je n'en serais pas là. C'est le fait de pouvoir prendre le bateau avec toutes les connaissances internes qui m'a permis d'éviter tout un tas de choses, qu'il s'agisse d'informations techniques sur ce qui casse ou ne casse pas, des polaires de vitesse ou d’échanger avec Thomas sur ce qui fait aller vite. Antoine a aussi joué un rôle important à cet égard, car il a dessiné le nouveau bateau, et la référence était bien de savoir comment le rendre plus rapide que le précédent que je mène aujourd’hui."
La performance remarquable d’Antoine Koch, sur cette Transat Jacques Vabre, en tant que co-designer des deux premiers IMOCA sur la ligne et en tant que co-skipper du troisième - a été particulièrement saluée à l'arrivée : les cinq autres marins du podium l’ont même soulevé à bout de bras !
Ed Gorman (traduit de l’anglais)
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