Un week-end à la fois de feu et de pétole
Après une véritable opération commando, 11th Hour Racing Team (Charlie Enright) est reparti hier dimanche en fin de journée de La Haye pour Gênes, après avoir réparé le flanc bâbord du plan Verdier. Un véritable exploit quand on sait que les coques des IMOCA sont des merveilles de technologie composite mais d’une rare complexité quant à leur mise en œuvre.
Le jury international devrait statuer quant au « redress » attribué au bateau américain, mais c’est une très bonne nouvelle de savoir l’équipage de Charlie Enright à nouveau en mer, même si, comme le dit le skipper « c’est désormais une course contre la montre ! » Et d’ajouter : « notre équipe à terre a travaillé 24 heures sur 24, trois jours durant, pour réparer le bateau. Cela représente 600 heures cumulées ! C’était une tâche monumentale, mais toute l’équipe a relevé le défi. Nous allons faire tout notre possible pour être là pour la grande finale et l’In-Port Race, le 1er juillet». GUYOT Environnement - Team Europe rejoint actuellement son port d’attache aux Sables d’Olonne afin de réparer son étrave et le bout dehors. Benjamin Dutreux et l’équipage se rendront en revanche à Gênes, sans leur bateau, afin de participer aux célébrations de l’arrivée de The Ocean Race.
Le retour au pays des cailloux
Pour les bateaux en course, le week-end a été laborieux côté météo, avec de tous petits airs, une mer totalement plate, de la brume de chaleur, des forts courants du « Channel » et des environs du Raz Blanchard, de La Hague, du Four… mais sans nul doute « reposant » pour les organismes après ce tour du monde mené tambour battant.
Les équipages vont devoir être patients et composer avec ces brises erratiques encore une bonne semaine, car les prévisions météo annoncent des vents faibles jusqu’en Italie. Au sud-ouest de la pointe Bretagne et dans le golfe de Gascogne, il va falloir être lucide afin de trouver le moment opportun pour virer de bord ce lundi 19 juin. L’objectif est de se recaler pour accrocher des vents de secteur sud-ouest au sud de la dépression, mais qui ne devraient pas excéder une quinzaine de nœuds. La concentration a beau être de mise, l’ambiance est presque « croisière » et bon enfant à bord des IMOCA en course.
Yoann Richomme fait tourner des routages sur l’ordinateur de Holcim-PRB, « mouline » les différents modèles météo, et lance à la cantonade : « nous voici de retour au pays des cailloux ! » Il se remémore ses huit participations à la Solitaire du Figaro (dont deux victoires) avoue « en avoir fait des bêtises dans ces endroits mal pavés » et chambre Ambrogio Becaria, dernière recrue du bord. « Tu n’as jamais fait le Figaro car tu n’aimes pas te faire mal toi ! » Réponse immédiate de l’Italien dans un excellent français : « Si si, j’aime bien me faire mal, mais certainement pas autant que toi…»
Sur Team Malizia, Nicolas Lunven, lui aussi ancien figariste, et lui aussi double vainqueur de la Solitaire est, comme à son habitude, plus réservé : « il faut être adroit dans la pétole (zone sans vent) et super vigilant avec les courants qui ici sont spécialement violents.»
Cartes postales, dauphins et salsa…
On s’épie à l’AIS. A bord de Biotherm, l’on entend « les mouches voler »… le « ouin ouin » du pilote automatique et de rares gémissements lugubres lorsqu’il faut choquer un peu de grand-voile ou de gennaker. Marie Riou ne s’en plaint pas : « Quel silence ! » La quadruple championne du monde de Nacra 17 et vainqueur de la dernière The Ocean Race sur Dongfeng Race Team devise avec son skipper Paul Meilhat sur les opportunités pour parer les îles et gagner dans l’ouest : Serq, Guernesey, Petit ou grand Russel… Alan Roberts, lui aussi Figariste émérite, est un peu « dans son jardin ». Les voiles claquent…
Les Onboard Reporters s’en donnent à cœur joie. Le vent est aux abonnés absents. Les drones sont de sortie. On entend de la salsa à la radio. Antoine Auriol sur Team Malizia et qui depuis le départ d’Alicante, n’hésite jamais à se mettre en scène avec humour et un certain brio, filme Rosalin Kuiper et Will Harris à l’avant du bateau avec champ contre champ, travellings... Tout y est : le coucher de soleil, d’autres voiliers au loin, un échange VHF entre Rosalin et une copine alors à proximité en mer. Point de doute que sur le bateau allemand mené par Boris Herrmann, l’ambiance est à la complicité. Et tous ne se lassent pas de capter les dauphins et les foils immergés.
Ce lundi 19 juin, au classement de 9 heures (heure française), les deux flottes des VO65 et IMOCA progressent au près vers le sud à la latitude des îles d’Yeu et de Ré, mais à des vitesses peu habituelles de moins de 9 nœuds. WindWhisper Racing Team mène assez largement en VO65, tandis que Holcim-PRB, second IMOCA au classement général avant la dernière étape, a sensiblement creusé l’écart cette nuit. Le bateau suisse possède 55 milles d’avance sur Biotherm et 80 sur Team Malizia. L’ETA à Gênes est actuellement prévue entre le 26 et le 28 juin.
Source : The Ocean Race
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