Yoann Richomme et Charlie Dalin – prêts à en découdre pour la 10e édition du Vendée Globe
C'est un fait étonnant : malgré la difficulté extrême du Vendée Globe, six des neuf éditions disputées jusqu'à présent ont été remportées par des bizuths de l'épreuve.
C’est un détail historique peut-être méconnu, mais révélateur : il n’y a aucune raison pour qu’un skipper comme Yoann Richomme, à la barre de Paprec Arkéa, ne puisse pas décrocher la victoire dès sa première participation à cette 10ᵉ édition du Vendée Globe.
À 41 ans, Richomme arrive en force, fort d’une préparation impressionnante : deuxième de la dernière Transat Jacques Vabre, puis vainqueur du Retour à la Base et de The Transat CIC. Avant cela, il s’était déjà forgé un solide palmarès avec notamment deux victoires au général sur la Solitaire du Figaro.
Tout cela en fait un navigateur au sommet de son art, disposant d’un bateau de dernière génération signé Antoine Koch et Finot Conq. Entouré d’une équipe expérimentée, Richomme incarne parfaitement le profil du favori annoncé.
Quatre jours avant le grand départ, sur son bateau amarré au village de course des Sables d’Olonne, il affiche une forme éclatante et une concentration absolue. Pourtant, il dégage aussi une certaine sérénité, prêt à relever le plus grand défi de sa carrière.
Interrogé sur son statut de favori aux côtés de Charlie Dalin, Boris Herrmann, Jérémie Beyou et Thomas Ruyant, Richomme ne se démonte pas : « Cela ne me dérange pas, »confie-t-il. « J’essaie de ne pas trop écouter. Nous avons eu de bons résultats, et on mérite sans doute d’être parmi les favoris. Mais cela ne change rien : tout le monde repart de zéro. C’est une nouvelle course, je l’aborde comme telle. »
Marié et père de deux enfants, il estime que cinq ou six skippers peuvent prétendre à la victoire cette année. Il anticipe un début de course intense, où la hiérarchie s’établira rapidement parmi les IMOCA les plus performants en route vers le sud, possiblement sous des vents légers jusqu’à l’Équateur. Le skipper de Paprec Arkéa sera sans aucun doute dans la bataille.
« Il faut toujours être devant au cas où une échappée se forme. C’est toujours un combat pour rester en tête, » explique-t-il. « Mais c’est aussi une longue course, avec des regroupements possibles. Il ne faut pas rater l’unique occasion de faire la différence. Les premières semaines seront donc intenses, jusqu’à ce que la flotte s’étire. »
Richomme aborde avec confiance sa première confrontation avec les mers du Sud. « On a un excellent bateau pour l’Océan Austral, »assure-t-il. « Il est conçu pour être performant par vent fort portant, donc rapide et sûr dans ces conditions. J’aime naviguer par gros temps. Je ne vois pas où est le problème, » plaisante-t-il. « Peut-être que je dirai autre chose au retour, mais pour l’instant, on est bien préparés. »
Quant à ce que signifierait une victoire dans le Vendée Globe, après une carrière déjà brillante, il n’hésite pas à rêver : « Ce serait phénoménal, c’est sûr. J’essaie de ne pas trop y penser, car c’est encore loin, et chaque détail compte pour y parvenir. Le Vendée Globe, c’est un objectif logique au vu de mon parcours. Ce serait fantastique de l’ajouter à mon palmarès. Mais au fond, c’est juste une autre course. Que je gagne ou non, cela ne changera pas ma vie, et je ne veux pas que cela la change. »
Face à lui, Charlie Dalin, deuxième en temps compensé lors de la dernière édition, est lui aussi prêt à en découdre. Le skipper de Macif Santé Prévoyance aborde cette édition avec sérénité, fort de son expérience. « Je ne ressens pas de stress, » confie-t-il sur un ponton bondé. « J’ai déjà fait cette course une fois, elle est démystifiée. C’est comme sauter pour la première fois d’un plongeoir : la deuxième fois, on y va plus sereinement. »
Dalin a lui aussi brillé en préparation, remportant la New York Vendée-Les Sables d’Olonne et le Défi Azimut prouvant que son nouveau bateau conçu par Guillaume Verdier est polyvalent et performant. Il se réjouit d’affronter les conditions de l’Océan Austral avec une version améliorée de son ancien IMOCA, Apivia.
En ce qui concerne le départ, Dalin prévoit un début de course lent au large des côtes françaises, un moment délicat pour ceux qui craignent de se faire distancer. Ensuite, ce sera une longue course au portant vers les Doldrums. « Une fois le vent trouvé, ce sera du portant presque jusqu’à l’Équateur, sauf peut-être au Cap Finisterre où on pourrait rencontrer 24 heures de vent jusqu’à 30 nœuds, »anticipe-t-il.
Malgré un emploi du temps chargé entre engagements médiatiques et sponsors, Dalin reste détendu, sous le regard admiratif des fans, nombreux à parier sur sa victoire pour cette deuxième tentative.
Ed Gorman (traduit en français)
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