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À l’approche de la fin de son tout premier tour du monde en solitaire, Yoann Richomme a pris le temps de savourer l’instant. Après 65 jours en mer, ce n’était pas qu’une simple ligne d’arrivée qui l’attendait, mais l’aboutissement d’une aventure extraordinaire.

Devant les Sables d’Olonne, il a ralenti, prenant le temps de laisser monter l’émotion et de préparer son entrée dans le chenal mythique. Son bateau, PAPREC ARKÉA, avançait calmement, comme suspendu entre la fin d’un défi colossal et l’accueil d’un public déjà prêt à célébrer. À bord, le Varois peaufinait chaque détail, non pas par nécessité mais par ce sens du travail bien fait qui a marqué toute sa course et l’a conduit à cette remarquable deuxième place. À quelques encablures de la ligne d’arrivée, il a pris une grande inspiration, jetant un dernier regard vers l’horizon, conscient de la portée de ce qu’il venait d’accomplir. Puis, à 7h12, il a franchi la ligne après 65 jours 18 heures et 10 minutes de mer (22 heures et 47 minutes après Charlie Dalin), ajoutant une nouvelle page à l’histoire de cette course mythique. A présent, il sait qu’en approchant du chenal, il va trouver une foule en effervescence, prête à faire vibrer les quais et à transformer ce matin glacial en une fête mémorable. Son arrivée ne marque pas seulement la fin d’une course, mais aussi l’entrée d’un nouveau héros dans la légende des océans.

Vg2024 2501150812 vg24 paprec 2nd 1501 ob15825 haute definition© Olivier Blanchet / Alea

Yoann Richomme a indiscutablement marqué cette 10e édition du Vendée Globe par sa remarquable maîtrise et sa capacité à animer la course. Dès les premiers jours, il s’est imposé comme un adversaire redoutable, naviguant avec finesse et intelligence. Une des décisions marquantes de sa stratégie a été son choix dans l’océan Indien : alors que Charlie Dalin et Sébastien Simon ont opté pour une route directe, traversant le cœur d’une dépression massive, Yoann a préféré la prudence en contournant ce système dangereux. Ce pari, qu’il a rapidement regretté en voyant ses concurrents prendre une avance significative, l’a poussé à redoubler d’efforts. Dans le Grand Sud, il a adopté une cadence infernale, alignant des performances remarquables dans des conditions exigeantes et implacables. Sa ténacité a été récompensée lorsqu’il a débordé le mythique cap Horn en tête, avec 9 minutes et 30 secondes d’avance sur Charlie Dalin.

L’art de briller en argent

S’en est suivi un jeu haletant de chat et de souris, où les deux hommes se sont rendus coup pour coup, disputant chaque mille avec intensité. Yoann, cependant, a fini par céder dans les conditions imprévisibles du front froid du cap Frio, où son rival a réussi à s’échapper. Malgré cela, jusqu’aux derniers instants, il a fait preuve d’une combativité impressionnante, maintenant une pression constante sur son adversaire. Ce résultat, une deuxième place pour sa première participation au Vendée Globe, est aujourd’hui bien plus qu’une simple performance. Yoann Richomme a prouvé qu’il était un marin d’exception, capable de frapper fort dans une compétition aussi exigeante. En achevant cette boucle autour de la planète, il inscrit son nom parmi les figures marquantes de cette légende maritime. Son aventure, faite de choix audacieux, de navigation subtile et d’une formidable endurance, laisse une empreinte durable dans les mémoires, témoignant de son immense potentiel et de son engagement.

Source : Vendée Globe 2024

Vg2024 2501150838 vg24 paprec 2nd 1501 ob15850 haute definition© Olivier Blanchet / Alea

PREMIERS MOTS

"L’émotion de boucler un tour du monde est indescriptible. Je ne sais pas si c’était un rêve que j’avais vraiment nourri un jour, mais une chose est sûre : on l’a fait. J’ai l’impression d’être parti il y a à peine deux jours, emporté par un rythme effréné. J’ai navigué comme je m’entraîne, comme sur des courses plus modestes, sans jamais dévier de ce que je sais faire. Mais cette fois, je suis tombé sur plus fort que moi. Charlie était tout simplement imbattable. Il est stratosphérique en IMOCA depuis plusieurs saisons, et il est extrêmement difficile d’aller le chercher. Je suis heureux pour lui qu’il ait pu prendre une belle revanche sur le passé.

De mon côté, je ressens une immense fierté d’avoir mené une équipe qui, il y a trois ans, partait de zéro, jusqu’à cette deuxième place sur le Vendée Globe, en disputant la victoire au premier. C’est une réussite partagée avec toutes les personnes qui nous ont aidés et qui m’ont permis d’arriver là. J’ai envie de célébrer ça avec tout le monde, de savourer cet exploit avant de tourner la page et de passer à autre chose.

Je suis aussi fier de tout le travail accompli en amont. Mentalement, j’étais prêt. Le bateau était impeccable – je n’ai pratiquement pas eu à faire de réparations pendant tout le tour. C’est là qu’est la vraie réussite, celle qui me remplit de satisfaction.

Avant le départ, j’avais mes inquiétudes. Pas tant celle de casser quelque chose, mais plutôt la peur de passer à côté de mon Vendée Globe, de ne pas être à la hauteur, de finir mal classé, ou même de ne rien voir de cette aventure : pas une terre, rien. Heureusement, ça n’a pas été le cas. J’ai été émerveillé du début à la fin. Chaque nouvelle terre aperçue m’a fait l’effet d’un enfant découvrant un trésor. Je rêve maintenant de voyage, de prendre le temps de découvrir ces îles, ces paysages. Ce tour du monde pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle aventure, celle d’explorer le monde autrement, une fois que la régate sera derrière moi.

Cela dit, tout n’a pas été rose. On ne va pas se mentir, il y a eu des moments très durs. Le rythme était infernal, notamment dans l’Atlantique Sud, où il a fallu battre record sur record. La vie à bord était éprouvante, presque invivable. Mais à partir de la fin de l’océan Indien, c’était comme un rêve. Le bateau avançait sans relâche, les systèmes météo s’enchaînaient parfaitement, et on naviguait si bien que cela en devenait décourageant pour les autres.

J’ai eu une grosse frayeur dans l’Atlantique Nord, quand on avait trois jours de retard sur les éditions précédentes. Je craignais que ça devienne interminable. Mais ces bateaux ont un potentiel énorme. C’est à nous de nous adapter, de penser leur conception différemment.

Je me souviens aussi de ce moment, dès le deuxième jour, où j’ai failli percuter un chalutier près du Cap Finisterre. J’étais sur le pont, en train de changer une voile, et il est passé à dix mètres à peine sur ma gauche. C’est fou comme tout ne tient qu’à un fil. Et c’est ça, au fond, la magie de ce sport : réussir à assembler chaque petite pièce du puzzle pour que tout fonctionne."