Départ de trois classes ce dimanche. Les IMOCA neutralisés au Havre.
La situation a nettement empiré sur le proche Atlantique toute la soirée et cette nuit.
La situation a nettement empiré sur le proche Atlantique toute la soirée et cette nuit.
La forte dépression qui avait justifié hier la modification du parcours des Class40 vers Lorient, déboule sur l’Atlantique avec 24 heures d’avance sur le timing initialement prévu. Elle charrie des vents de 80 noeuds et une mer de 10 mètres dès lundi soir au cap Finisterre.
Seuls les ULTIM qui auront suffisamment progressé vers le Sud, peuvent échapper au phénomène. Leur départ et leur parcours sont maintenus.
Les Ocean Fifty prendront eux aussi le départ aujourd’hui mais se dirigeront comme les Class40 vers Lorient.
Aucune solution pour amarrer les 40 IMOCA dans un port de la façade Atlantique n’ayant été trouvée pour l’instant, les monocoques resteront au Havre en attendant qu’une nouvelle opportunité météorologique ou d’accueil se présente.
Les explications de Christian Dumard, météorologue de la course :
« Sur le noyau de la première perturbation initialement prévue pour le 2 novembre, un vaste système dépressionnaire s’est enroulé sur lui-même, en regroupant plusieurs centres et en accélérant sa course. Le phénomène est plus rapide, plus violent et plus vaste avec un front froid marqué qui s’étend de plus en plus loin au Sud.
Dès le 1er novembre, les conditions dans le golfe de Gascogne se sont nettement dégradées, avec des rafales prévues de 80 nœuds et des hauteurs de vague de 10 mètres.
En cas de souci pour un bateau ralenti par une avarie le 30 ou le 31, il serait impossible de regagner un port pour s’abriter avant l’arrivée du phénomène. Ce sont aussi des conditions où un cargo ne peut se dérouter et manœuvrer pour porter secours à un équipage en difficulté.
Après le passage de ce vaste système, beaucoup d’incertitude demeure. L’expérience de la semaine qui vient de s’écouler où la situation a été très changeante jour après jour, incite à la prudence. Nous restons en contact permanent avec la Direction de course et l’organisation pour trouver les meilleures opportunités d’un nouveau départ »
Réaction Julien Villion, Teamwork :
« Dans le fond c’est une bonne décision. Après on peut s’interroger sur le timing, on subit beaucoup les décisions, avec un peu plus de transparence dans les éléments qui guident la décision ça permettrait à tout le monde de mieux s’organiser et d’être un peu plus sereins. On conditionne tout le monde, les équipes et les skippers à partir quand les conditions sont difficiles donc on était prêts à y aller. D’un point de vue météo je ne suis pas complètement persuadé que la situation soit fondamentalement différente entre hier et ce matin, une décision hier aurait été beaucoup plus simple. Pour la suite on n’est pas très avancés, on a juste libéré la tension du fait de partir dans ces conditions. Si on ne part pas ce matin ça veut dire que probablement on ne part pas avant jeudi, jour de la fameuse dépression dans le Golfe de Gascogne qui pose problème. On attend plus d’information de la part de l’organisation de la Transat Jacques Vabre. »
Réaction de Damien Seguin, groupe APICIL :
« C’est une sage décision. Depuis 24 heures, on voit qu’il y a une occurrence probable avec la troisième dépression que nous devions passer au moment du Cap Finisterre. Même en étant très rapide, c’était très compliqué de passer devant car c’est une dépression très explosive, avec des vents très forts et surtout une mer démontée. On parle de vagues de quasiment 10 – 11 mètres. Et dans ce cas-là, il ne faut pas penser aux bateaux les plus rapides. On reste au Havre car il n’y a pas de place pour nous à Lorient comme c’est le cas pour les Ocean Fifty et les Class40. A mon avis, nous sommes là pour quelques jours. On verra bien quand on pourra repartir. C’est très courageux de la part de l’organisation et de la Direction de course d’avoir pris cette décision car ce n’est pas simple d’annoncer cela aux skippers le matin au réveil. Personnellement, j’étais en train d’enfiler mes bottes quand je l’ai su. Ce qui peut surprendre les gens, c’est que les conditions pour le départ ne sont pas mauvaises. La problématique, elle est vraiment dans 48 – 72 heures. Psychologiquement, c’est un peu l’ascenseur émotionnel. Il faut remettre le bateau en configuration d’attente, reposer les équipes qui ont beaucoup donné, que nous, skippers, on se mette dans un état d’esprit différent, poursuivre le travail météo et être à l’affût. Pour le moment, nous n’avons pas de date de départ. C’est ça le plus compliqué. "
Réaction de Fabrice Amedeo, Nexans - Arts & Fenêtres :
"La direction de course de la Transat Jacques Vabre a décidé de garder les IMOCA à quai et de ne pas nous lancer en course vers la Martinique. Les class 40 et les Multi 50 partent et vont se réfugier à Lorient et nous, nous allons attendre ici que la voie se dégage.
Pour les IMOCA, le départ était jouable. La sortie de Manche engagée mais largement à la portée de bateaux qui vont faire le tour du monde dans un an. Il y aurait sans doute eu un peu de casse sur les bateaux de tête car on aurait eu jusqu’à 5 mètres de mer en sortie de Manche et à certains moments dans le Golfe. Mais la décision de la direction a été motivée par l’arrivée d’une dépression qui va faire souffler des vents jusqu’à 80 noeuds en France jeudi et qui n’aurait pas épargné une partie de la flotte des IMOCA le long du Portugal. Les bateaux à grands foils seraient peut-être passés juste avant, ceux qui auraient eu un problème technique aurait été pris au piège, et la situation s’annonçait critique pour les bateaux à dérives. 50 noeuds de vent et 7 mètres de mer le long du Portugal, plus encore pour les retardataires. Et pas d’échappatoire : les ports portugais sont complets et ne peuvent plus accueillir de bateaux souhaitant s’abriter.
Je ne reste jamais au port de gaité de cœur, j’aime le vent fort, l’océan en colère m’a toujours fasciné mais je pense qu’il faut accepter et saluer cette décision de la direction de course.
Elle nous renvoie à l’humilité que nous devons garder face au éléments. Éléments qui sont de plus en plus instables et virulents dans un contexte de réchauffement climatique. Il y a trois semaines c’était l’été en France et nous allons avoir, cette semaine, une tempête hivernale. Il faut accepter.
Cette décision va sans doute poser des questions : laisser à quai les bateaux les plus robustes de la flotte se comprend à la lumière de la météo des prochains jours mais est très maladroit en terme d’image. Se pose aussi la question de la pérennité à long terme de ces courses Multi-classes et le grand égard entre les Ultimes qui partent et le reste de la flotte qui ne passe pas.
Le temps des questions et des réponses arrivera. Je vais avoir une semaine de plus pour préparer ces retrouvailles avec le large. Il me tarde.
À très bientôt pour le vrai et grand départ !"
Source : Transat Jacques Vabre
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